Qu’est-ce que l’ivresse des profondeurs ?

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L'ivresse des profondeurs
Table des matières

Avec un nom pareil, ce problème que rencontrent parfois les plongeurs pourrait presque sembler amusant. Pourtant, il ne l’est pas du tout. Au contraire, l’ivresse des profondeurs est même un phénomène très dangereux dont les conséquences peuvent être désastreuses et mortelles. Alors, qu’est-ce que l’ivresse des profondeurs et comment s’en prémunir ?

À quoi ressemble l’ivresse des profondeurs ?

Avant d’expliquer comment fonctionne l’ivresse des profondeurs, il faut bien expliquer comment reconnaître un tel phénomène. Heureusement, l’ivresse des profondeurs est un problème que les plongeurs rencontrent rarement et certains professionnels n’y ont jamais été confrontés. Pour autant, ils doivent être formés pour prévenir le phénomène et y réagir correctement.

Il faut donc savoir reconnaître l’ivresse des profondeurs. Pour cela, c’est assez facile parce que ses symptômes ressemblent de très près à ceux d’une ivresse provoquée par la consommation d’alcool. Elle crée une sensation de bien-être, une importante euphorie, des mouvements moins précis, une diminution de la coordination et de l’équilibre, mais aussi une inhibition du jugement, des réflexes et de l’instinct de survie. Elle peut également mener à l’évanouissement.

Tous ces symptômes n’auraient pas grand-chose d’inquiétant s’ils survenaient à la surface. Or, le problème de l’ivresse des profondeurs, c’est bien qu’elle intervienne à plusieurs dizaines de mètres de profondeur sous l’eau. Quelqu’un qui en est atteint risque d’avoir des comportements dangereux pour lui et les autres, notamment en détériorant le matériel qui leur permet de respirer.

À quoi est due l’ivresse des profondeurs ?

L’ivresse des profondeurs est tout simplement une intoxication à l’azote contenu dans les bouteilles d’air que les plongeurs ont sur le dos. On l’appelle également narcose à l’azote, mais pour comprendre exactement pourquoi, il faut comprendre le comportement de la pression sur les gaz contenus dans la bouteille.

La pression, c’est la force qu’exerce un corps sur un autre et elle est due au fait que la gravité nous attire tous vers le centre de la Terre. À la surface, au niveau de la mer, la pression est d’un bar. Cependant, quand vous plongez sous l’eau, le poids de l’eau sur votre corps ou tous les corps qui y sont plongés va augmenter la pression. On estime que la pression augmente d’un bar tous les dix mètres sous l’eau.

Ainsi, à 30 mètres de profondeur, un plongeur et son matériel seront exposés à une pression de 4 bars. Or, s’il faut atteindre des centaines de mètres de profondeur pour constater un véritable impact sur le corps humain, quelques dizaines de mètres suffisent pour avoir un impact important sur les gaz. C’est cet impact de la pression sur les gaz qui provoque l’ivresse des profondeurs, comme nous l’explique la loi de Dalton.

Qu’est-ce que la loi de Dalton ?

L’air que nous respirons chaque jour et qui est comprimé dans les bouteilles que les plongeurs emportent avec eux sous l’eau, cet air est exclusivement composé de gaz sensibles à la pression. Ces gaz sont nombreux, mais on simplifie souvent la composition de l’air en décrétant qu’il est à 80 % fait d’azote et que les 20 % restants sont de l’oxygène.

L’air est également ce que l’on appelle un gaz parfait, c’est-à-dire un gaz dans lequel les différentes molécules n’interagissent pas ensemble. Or, la loi de Dalton stipule justement que la pression totale exercée sur un gaz parfait est égale à la somme des pressions partielles subies par chaque molécule de gaz. Ainsi, 80 % de la pression qui pèse sur l’air d’une bouteille pèsera sur l’azote contenu.

Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire qu’un plongeur qui se trouve à 30 mètres de profondeur ne respire pas de l’air qui subit une pression de 4 bars. À la place, il respire de l’azote avec une pression de 3,2 bars et de l’oxygène avec une pression de 0,8 bar. Or, quand l’azote est mis à une pression de 3,2 bars, il devient toxique pour l’organisme parce qu’il peut se dissoudre dans les tissus nerveux. Voilà pourquoi l’ivresse des profondeurs est appelée narcose à l’azote.

Comment échapper à l’ivresse des profondeurs ?

L’ivresse des profondeurs représente donc un véritable risque pour la sécurité de tous les groupes de plongeurs, même les mieux entraînés et les plus compétents. À partir de 30 mètres de profondeur, les premiers risques de narcose à l’azote apparaissent sur les sujets les plus sensibles, mais le problème est systématiquement rencontré à partir de 60 mètres de profondeur lorsque l’on plonge avec des bouteilles de plongée classiques.

Il n’y a donc pas besoin de beaucoup d’imagination pour échapper à l’ivresse des profondeurs. D’abord, la fédération française de plongée a fixé la profondeur maximum autorisée à 60 mètres de profondeur. Ensuite, il faut obtenir son troisième niveau de certification de plongée pour avoir le droit de plonger à plus 20 mètres de profondeur. Il faut donc être très entraîné.

Enfin, des bouteilles de plongée particulière ont été développées pour échapper au problème de l’ivresse des profondeurs. Des mélanges enrichis en oxygène, comme le nitrox, permettent de diminuer la quantité d’azote et d’augmenter la profondeur atteignable (toujours grâce à la loi de Dalton). On trouve également des mélanges qui remplacent tout ou une partie de l’azote par de l’hélium ou de l’hydrogène. Certains de ces mélanges permettent de plonger jusqu’à 700 mètres !

Daphné Le Foll